Fin septembre est une période intense dans la vie des cerfs élaphe. Cela faisait cinq ans que j’avais assisté pour la première fois au brame, entre écoute et observation, dans un lieu exceptionnel. C’est avec une nouvelle immersion, en plein cœur, que j’ai renouvelé l’expérience, entouré d’un concert sonore à 360 degrés, depuis mon point de veille nocturne aux abords de la réserve naturelle du Pinail.
Cette sortie brame fut d’abord une expérience auditive, dans la nuit la plus complète, avec parfois une sensation de proximité irréelle. Le son rauque sortait des entrailles des cerfs, transperçait le silence du lieu. L’instinct primaire, je tendais l’oreille, pour localiser les animaux et tenter de juger leur position. Je savourais pleinement l’instant.
Les premières lueurs de l’aube ont fini par apparaître. Après m’être équipé, j’ai pris les chemins et pare-feu du lieu pour espérer voir ces grands mammifères sauvages ! La brume était très présente ce qui n’arrangeait pas la visibilité mais donnait une atmosphère qui était loin de me déplaire. Les jumelles au cou, l’appareil photo en main, les pensées, les espérances, les souvenirs allaient bon trains.
En surplomb du pare-feu, face à moi, une biche et son faon sont sortis de la forêt. Ils se sont immobilisés un court instant. Un coup d’œil à gauche puis à droite, la femelle et son jeune ont alors regagné les brandes du Pinail. Peu de temps après cette première scène, j’avançais encore de quelques dizaines de mètres sur un pare-feu perpendiculaire, formant un léger vallon. Chaque pas était mesuré et feutré pour limiter tout bruit parasite. J’écoutais et je scrutais. En explorant les hauteurs de la butte avec mes jumelles, j’ai aperçu un mouvement qui a capté toute mon attention. Les bois d’un cerf émergeaient de la végétation.
Ce jeune cerf évoluait calmement puis disparut un court instant pour finir par se révéler sur une zone ouverte où il m’a donné ma chance ! Novice dans le pistage, j’ai accueilli ce moment comme une véritable récompense. Un brin déçu de n’avoir vu le ou les maîtres des lieux, je repars avec ces belles images en tête et sur la carte mémoire. Je me réjouis de pouvoir renouveler et provoquer ces rencontres à la prochaine saison.
L’animal roi, par sa présence et son élégance naturelle, m’a offert un très beau cadeau : celui de poser un instant devant mon objectif. Et qui sait, peut-être deviendra-t-il le grand cerf dominant du Pinail. J’aurais alors peut-être l’opportunité de croiser à nouveau son chemin.
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