jeune cerf dans la brume et les brandes du pinail
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Du Pinail à la Brenne : road trip photographique d’automne

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Du Pinail à la Brenne, j’ai suivi le son du brame comme un fil conducteur pour un road trip photographique de quatre jours. Ce fut une jolie connexion à la nature avec l’espoir de rencontrer les grands mammifères et profiter de magnifiques paysages. Réalisé entre les derniers jours de septembre et les premiers d’octobre, ce petit voyage m’a plongé dans la magie automnale. La douceur mélancolique de cette saison, soulignée par les lumières dorées à la lisière des forêts et les brumes naissantes sur les étangs, a pleinement contribué à mon émerveillement.

Brumes à l'aube sur les étangs de la Brenne
Paysage dans la brume au lever du soleil, aux abords du Parc naturel de la Brenne (zone de vol autorisée)

Si je rêve de lumières exceptionnelles et de rencontres magiques lors de mes sorties photos, il faut aussi accepter la part d’incertitude que la nature impose. C’est une réalité incontestable dans la photographie et plus particulièrement dans la photographie animalière.

En effet, les conditions ne sont pas toujours celles espérées : le vent, le ciel gris, le brouillard épais, le manque de réussite sur les observations font partie du package ! Mais c’est justement dans ces instants imparfaits que naît l’authenticité et la puissance d’une rencontre même simple surtout pour un photographe comme moi plus habitué à la macro et proxy photographie !

Durant ce voyage, j’ai mis de côté ma passion pour la microfaune, avec l’objectif de me consacrer aux grands mammifères sauvages que j’espérais voir. Il était également prévu de réaliser des prises de vue aériennes au drone, profitant des paysages singuliers des lieux à visiter (selon la législation).

En effet, le Pinail est une formidable mosaïque de mares, de tourbières et de landes en Vienne, tandis que la Brenne situé en Indre-et-Loire, est le royaume des « mille étangs ». En partant de Cholet, cela représente environ deux heures de route pour le premier arrêt, puis une heure supplémentaire pour se rendre en plein cœur de la Brenne. Les paysages et le patrimoine historique jalonnent également le parcours, invitant à faire quelques haltes dans les charmantes cités médiévales de Chauvigny et d’Angle-sur-l’Anglin. Ces visites étaient parfaites pour occuper les « temps morts » moins adaptés à l’observation de la faune.

Noir et blanc contasté de la cité médiévale de Chauvigny - Harcourt
Un temps un peu chargé et menaçant convenait bien à ce traitement noir et blanc de la Cité médiévale Harcourt à Chauvigny
Vue aérienne du château et village médiéval d'Angle sur Anglin
Angles-sur-l’Anglin est une charmante petite ville qui mérite une visite, depuis sa partie basse jusqu’aux hauteurs où se dressent les ruines du château.

Ces territoires de nature, je les connais sous d’autres saisons et pour d’autres visages photographiques, mais c’est à l’heure du brame que je voulais les redécouvrir ! Chaque année, la période de rut des cerfs élaphe s’étend de mi-septembre à mi-octobre. Les cerfs deviennent territoriaux et marquent leur puissance par un son rauque qu’ils déploient au crépuscule et à l’aube, avec parfois une grande intensité. Assister au brame est, en premier lieu, une expérience auditive car il n’y a aucune garantie de voir ces grands mammifères à découvert et de jour : l’imprévisibilité de la nature ! Ce moment intense et actif dans le cycle biologiques des cerfs, permet de les observer plus facilement dans certains lieux de nature préservés et accessibles.

Réserve Naturelle Nationale du Pinail

La forêt de Moulière représente 6800 hectares et se trouve à l’Est de Poitiers. La réserve naturelle du Pinail borde la forêt au nord et offre un refuge pour la faune sauvage qui est protégée du dérangement. C’est une situation géographique favorable pour observer les animaux sauvages. La réserve est un site exceptionnel qui se caractérise par 6000 mares dont pratiquement 3000 permanentes. Il s’agit en réalité d’un ancien site d’extraction de pierre meulière, exploité pendant plus d’un millénaire et jusqu’au milieu du XIXe siècle.

vue d'une forêt de pin et de landes à brandes
La forêt de Moulière longe les landes à brandes du Pinail. Préservée, la réserve naturelle propose une agréable promenade le long d’un sentier permettant de découvrir ce patrimoine écologique.
Vue verticale sur les mares et landes du Pinail
Vue aérienne de la RNN du Pinail – photographie réalisée avec l’autorisation du conservateur de la réserve (Attention zone protégée)

Découverte

Né de la pierre, le Pinail est aujourd’hui un écrin de landes et de mares, refuge d’une biodiversité exceptionnelle.

Les nombreuses fosses se sont remplies par l’eau de pluie au fil du temps. De nombreuses espèces ont naturellement colonisé les mares issues de l’ancienne activité meulière, trouvant refuge dans ces milieux humides aux conditions particulières. Parallèlement, l’homme a poursuivi une exploitation du territoire, l’utilisant au fil des années pour la chasse, la pisciculture, la récolte de brande à balai ou encore la construction. Aujourd’hui, la nature a repris ses droits, façonnant un écosystème riche et complexe, mais ce retour du sauvage s’inscrit toujours dans une histoire humaine ancienne et continue, où la trace de l’activité passée demeure inscrite dans le paysage et dans les pratiques de gestion actuelle.

En effet, ce lieu nécessite une gestion active et régulière pour préserver son équilibre écologique. Sans intervention, les milieux ouverts composés de landes et de mares risqueraient de se refermer. Cela conduirait à nuire au développement de certaines espèces ayants de grands intérêts écologiques. Je vous recommande d’aller découvrir ce lieu et le site internet de la réserve pour bien comprendre tout leur travail qui rend ce lieu assez unique en France.

Vue aérienne verticale des mares de la réserve du Pinail
Photo au drone des mares de la réserve naturelle nationale du Pinail (réalisée avec autorisation spéciale)

INFO

Je suis très reconnaissant d’avoir pu réaliser des photos au drone sur la réserve naturelle du Pinail avec l’autorisation du conservateur en poste. Il est indispensable de respecter la quiétude du lieu et ne pas perturber les espèces sensibles. Nous avons donc pris toutes les dispositions en accord avec la Réserve pour réaliser ces clichés et respecter la législation.

Il y a cinq ans, j’ai découvert le brame lors d’un week-end aux abords de la réserve naturelle du Pinail. J’avais pu observer un grand cerf dominant du lieu se promener dans les landes. À cette époque-là, je n’étais pas encore équipé d’un téléobjectif. Depuis, j’ai fait l’acquisition d’un téléobjectif 150-600 mm avec l’espoir, un peu naïf, de revivre la même scène.

Dès l’arrivée en lisière de forêt, une petite harde de biches et faons occupait une prairie en contrebas de la route. Je ne pouvais pas les photographier mais cet accueil était de bonne augure ! Peu après, c’est une famille de sangliers qui s’invitait sur le chemin bordant la réserve, confirmant la richesse du lieu. Un instants plus tard, c’est une silhouette fantomatique d’un grand cerf qui se dessinera au loin avec les jumelles. Les conditions ne seront pas réunis pour le photographier convenablement. C’est au son du brame que le reste de la soirée se poursuivra. Une fois la nuit complètement installée, sans clair de lune, je tentais de cartographier mentalement les cerfs bramant dans le secteur.

sanglier adulte traversant un chemin au pinail
Première rencontre en arrivant au Pinail le premier soir avec une lumière déjà très faible
jeune sanglier sur le chemin
Jeune sanglier qui rejoint ses congénères au Pinail

La journée suivante ne sera pas intéressante pour la photo animalière. Comme quoi rien n’est acquis, la nature a le dernier mot. En effet, c’est le matin d’après que je pourrais faire de nouvelles observations intéressantes. De plus une légère brume s’était installée sur le secteur. En billebaude et à pas feutrés, je progresserais sur un pare-feu qui m’offrait un large champ de vision.

C’est alors qu’une biche et son faon sortiront de la forêt pour regagner les brandes de la réserve prenant leur temps pour observer de chaque côté de leur traversée. Peu de temps après, un jeun cerf fit son apparition. Un tableau que j’espérais secrètement ! L’instant était magique lorsque l’animal est apparu au balayage de la lande avec les jumelles puis avec l’appareil photo. Il passera tranquillement son chemin sans crainte ni dérangement. Je détails un peu plus cette rencontre avec une autre photo de cette série dans la rubrique du site : une photo, un mois.

Biche et son faon qui traverse le chemin en lisière de forêt
Je parcourais le pare-feu le plus discrètement possible lorsque cette biche et son faon ont traversé m’offrant un chouette instant.
Cerf dans la brume du matin, couleurs pastels
Ce jeune cerf m’aura fait une magnifique apparition en prenant son temps

C’est avec une grande satisfaction et quelques photos sur la carte mémoire que je poursuivrais ce périple vers les paysages de la Brenne en espérant y voir de grands cerfs. C’est le petit point qui m’a manqué au Pinail, même si je savais qu’ils n’étaient pas loin de moi. L’approche en Brenne sera différente mais tout aussi intéressante pour l’expérience.

Parc Naturel Régional de la Brenne

La Brenne est un vaste territoire de plusieurs milliers d’hectares en Centre Val-de Loire. La Brenne s’étend sur 51 communes et 183000 hectares selon le Parc. En son cœur, le Parc abrite également la réserve naturelle nationale de Chérine qui représente un peu plus de 300 hectares. L’ensemble des paysages de ce territoire sont composés de forêts, de pâturages, de landes et de nombreux étangs. Près de 3000 plans d’eau ont été créé par l’homme au Moyen Âge pour stocker et élever des poissons. Préservés et entretenus, ils attirent beaucoup d’espèces trouvant leur nourriture, et ou l’abris.

Paysage de brumes au lever du soleil sur la Brenne
Magnifique paysage de brumes au lever du soleil aux portes de la Brenne

Cela fait de ces différents habitats une zone essentielle pour le développement de la faune et de la flore, renforçant ainsi l’intérêt écologique majeur de ces lieux. La richesse et la diversité des milieux en font un espace d’observation privilégié pour les photographes et naturalistes, où chaque saison révèle une facette unique de la vie sauvage. J’ai en effet, eu plusieurs fois l’opportunité de visiter la Brenne pour photographier les orchidées sauvages au printemps puis durant la nidification et la migration de certaines espèces d’oiseaux, grâce à un réseau d’observatoires mis à disposition par la réserve et le parc. Cette fois-ci c’est le brame du cerf qui a guidé mes pas, accompagné par des paysages sublimés par des conditions météorologiques particulièrement favorables. Je vous invite à découvrir par les photos suivantes.

Biche et faon de dos têtes retournées pour observer
Superbe moment ou cette biche et son faon ont pris la pose tout un moment devant mon objectif
Harde et cerf dominant en lisière de forêt
Sortie (tardive) d’un cerf et de sa harde. Il brame pour marquer son territoire et sa puissance, à bon entendeur !
photo flou de vitesse de trois sangliers dans la nuit
Un petit groupe de sanglier est sortie à la tombée de la nuit, avec une vitesse réduite pour la prise de vue 1/8 – 600 mm
cerf satellite brame dans un champ
Cerf satellite mis à l’écart de la harde par le cerf dominant
Brocard position quart de profil avec de jolis bois
Un des nombreux chevreuils observés durant ce petit périple nature.
Groupe de hérons et aigrettes dans la brume matinale
La Brenne c’est surtout l’occasion de photographier des oiseaux (ici Hérons et aigrettes) dans des ambiances particulières
îlot avec un arbre dans la brume matinale aux couleurs pastelles
Douceur matinal pour ce petit îlot d’un étang délicatement enveloppé de brume
arbre dans la brume et lumière dorée
J’ai espéré avoir une biche ou un cerf apparaître en vain ! la scène en valait tout de même la peine !
lever soleil très coloré sur la maison et l'étang
Lever de soleil coloré d’un matin en Brenne

Ce road trip entre le Pinail et la Brenne fut une belle immersion dans les trésors de la nature en automne. Entre paysages oniriques, affût infructueux, apparition fantomatique ou vibration intense à l’écoute du brame, j’en retiens une expérience multisensorielle, laissant un goût de « reviens-y vite ». Les rencontres qui ont rythmé ces quelques jours de périple parfois brèves, ou au contraire prolongées, ont été véritablement captivantes ! Entre terre et ciel, entre ombre et lumière, ces lieux protégés — Pinail et Brenne — offrent bien plus que des images : ils offrent une connexion intense à la nature sauvage de nos campagnes. Le rendez-vous est donc pris pour le brame de l’année prochaine !

Quelques liens pour prolonger la découverte de ces lieux

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