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Drosera, la plante carnivore en vidéo et photos

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Les écosystèmes français abritent trois espèces du genre Drosera, dont Drosera rotundifolia. Cette plante carnivore ornée de cils gluant a développé une stratégie fascinante. Outre leur biologie étonnante que je tente de te résumer, la plante est également un excellent sujet macrophotographique.

Rouges vives au cœur jaune, les feuilles sont vêtues d’un habit de lumière. D’innombrables gouttelettes scintillent à la lumière. Je t’invite à découvrir ses facettes en photo, en vidéo et toute la créativité qu’elle peut susciter.

Ce sujet est inspirant, il me rend bavard alors j’ai ajouté des chapitres qui te permettent de cibler le contenu qui t’intéresse le plus.

Sommaire

  1. Étymologie et structure surprenante
  2. Où observer cette plante carnivore dans la nature
  3. Photos de Drosera, se laisser guider par son instinct
  4. Quel matériel pour photographier les plantes carnivores
  5. Le piège se referme sur cet insecte volant
  6. La micro faune des tourbières en ligne de mire (Collemboles)
  7. Une plante aux vertus insoupçonnées
  8. En savoir plus, les compléments d’informations
Détail de la feuille de Drosera ronde avec ces cils  et gouttelettes.
Structure des poils glanduleux et leurs dispositions sur le limbe en forme de spatule chez la plante carnivore Drosera rotundifolia

Étymologie et structure surprenante

L’étymologie du nom latin de cette plante carnivore est explicite !

En effet, Drosera rotundifolia se décompose de la manière suivante : le nom de genre Drosera (droséros en Grec) veut littéralement dire “couvert de rosée“. Le nom d’espèce rotundifolia se décompose par rotundi (rotundus) qui a l’apparence d’une roue. Folia fait référence à folium, c’est-à-dire feuillage. Alors que plusieurs noms vernaculaires français existent, tels que la droséra à feuilles rondes, la rossolis, le plus poétique est à mes yeux la rosée du soleil.

Tapis de sphaigne colonisé par la drosera rouge sur vert
Tapis de sphaigne colonisé par la Drosera rotundifolia dans la réserve naturelle du Pinail

La plante pousse en rosette. Les hampes peuvent atteindre une longueur de 5 à 20 cm. Toutefois, ce n’est pas sa taille qui la rend spectaculaire, mais la forme atypique de ses feuilles et de ses nombreux poils ornés à leur extrémité d’une goutte. Les cils glanduleux sont de couleur rouge à rose vif. Ils sont disposés sur l’ensemble du pétiole et de la feuille. Le limbe (partie élargie de la feuille) atteint une taille d’environ 1,5 cm de diamètre à maturité.

Les gouttelettes sont sécrétées par la plante et constituent un liquide visqueux et brillant nommé mucilage. Le mucilage attire de potentielles proies réceptives à ce nectar ou les pièges accidentellement. Cette stratégie est importante pour le développement de la plante.

Où observer cette plante carnivore dans la nature ?

Les Drosera se développent dans des milieux marécageux pauvres en nutriments. Les tourbières sont des lieux propices où elles s’implantent sur les tapis de sphaigne. Ces lieux possèdent une forte accumulation de matières organiques. Les tourbières mettent des décennies à décomposer la matière et en redistribuer les nutriments.

C’est alors que certains végétaux ont dû s’adapter pour se développer pleinement. La photosynthèse ne suffit pas. D’autres composés chimiques sont indispensables à la bonne croissance des végétaux. C’est le cas de la Drosera qui doit compenser le manque de sels minéraux et d’azote. À ce titre, elle puise les nutriments dont elle a besoin chez les insectes capturés puis digérés. Elle a donc développé une stratégie de prédation peu commune chez les végétaux pour optimiser sa croissance.

La Drosera à feuilles rondes occupe une large répartition en France. Pour ma part, j’ai pu l’observer et la photographier dans la réserve naturelle du Pinail à côté de Poitiers et la réserve naturelle du Luitel dans les Alpes.

vue sur le Lac du Luitel, partiellement recouvert de radeaux flottants
Le Lac du Luitel se referme petit à petit avec des radeaux flottants où se développe la sphaigne et les Drosera rotundifolia
Bord de berge du lac où pousse sphaigne et droséra
La sphaigne constitue le substrat principale de la Drosera rotundifolia.

Le lieu est fantastique. D’ailleurs, j’avais déjà écrit un petit billet dans le blog : tourbières du Luitel. C’est un environnement particulier qui attire une large biodiversité souvent spécifique à ce type d’habitat. Le parcours aménagé facilite son observation depuis un ponton qui surplombe cet écosystème. C’est un avantage pour l’approcher sans perturber le milieu.

Ainsi, sa large répartition géographique en France à l’exception de la région méditerranéenne permettra de l’observer à proximité de chez soi. Pour cela, il sera nécessaire de cibler les écosystèmes adaptés du printemps à la fin de l’été. Au fil d’une promenade, appareil photo en main, c’est l’opportunité d’immortaliser et composer autour de cette plante carnivore.

vue détaillée sur le bord de la feuille de Drosera dans un joli flou artistique vert, rouge et rose
Vue macro sur les cils et gouttelettes de la Drosera rotundifolia

Photos de drosera, ce laisser guider par son instinct

D’un point de vue photographique, la drosera est un sujet passionnant pour l’artiste et le naturaliste. Quel que soit le matériel, c’est avant tout l’œil du photographe qui œuvre.

Le jeu de profondeur de champ associé à une belle lumière permet de créer des images esthétiques et créatives. J’ai souhaité révéler une certaine douceur dans le bokeh avec du détail sur les zones nettes.

Les couleurs ne sont pas en reste grâce à cette palette intense dont j’ai pu tirer parti. Bien évidemment, les gouttelettes brillantes contribuent beaucoup à l’intérêt photographique de l’ensemble. Les plans rapprochés permettront de révéler des détails insoupçonnés et la transparence du fluide.

Il est donc temps de profiter pleinement de son objectif macro ou ultramacro à grande ouverture ! Toutefois, il ne faut pas tomber dans le piège de l’ouverture maximale, surtout sur les photos qui seront cadrées serrées. C’est un équilibre à trouver.

Quel matériel pour photographier ces plantes carnivores ?

détail des gouttelettes de la drosera
Les tentacules sont armées d’un liquide visqueux redoutable pour les insectes mais très esthétiques pour le photographe.

Les photos de Drosera présentées dans cet article sont toutes réalisées avec l’objectif Canon MP-E 65mm f/2.8 1-5x. C’est un objectif manuel (absence d’autofocus). Cela impose de rapprocher l’objectif du sujet pour la mise au point. Il n’est malheureusement plus distribué par Canon. Il sera nécessaire de se tourner vers le marché de l’occasion ou vers un équivalent chez Laowa.

On peut régler le grossissement de x1 à x5. J’ai choisi d’ouvrir le diaphragme à f/4 ou à f/4.5. Ceci dans le but de flouter l’avant et l’arrière plan. La faible profondeur de champ s’y prête bien.

J’ai donc joué de ce combo afin d’avoir le feuillage entier ou au contraire des détails sur les gouttelettes. Pour rappel, la taille du limbe est de 10 à 15 mm.

Cet objectif ouvre à f/2.8 mais plus on augmentera le grossissement (x5 maximum) plus il sera gourmand en lumière. Dès lors, j’ai utilisé pour mon setup une petite lampe 8 leds Manfrotto pour compléter la lumière naturelle.

Ces petites lampes sont très pratiques pour venir en appoint. Afin de ne pas dénaturer la scène, je n’ai pas inondé la scène de lumière artificielle, c’est important. J’ai donc également monté la sensibilité ISO de 800 (“plan large”) à 2000 ISO pour les photos de détail.

Le piège se referme pour cet insecte volant

Drosera à feuille ronde avec sa proie
Drosera rotundifolia, plante carnivore des tourbières avec sa proie.

Avec un peu de patience, il n’est pas très long de voir des insectes piégés naturellement par la plante. La photo ci-dessus illustre un petit insecte volant venu se poser sur les poils. Totalement englué, le piège redoutable se referme.

Les cils se recourbent progressivement sur la proie. Dès lors, les tentacules dirigent l’insecte vers les glandes digestives de la plante. Elles sont situées principalement au centre de la feuille. Cependant l’ensemble des glandes situées à l’extrémité des poils fabriquent les enzymes de digestion. Le processus, prendra de une à plusieurs heures selon la taille de la proie.

La microfaune des tourbières, source de nourriture de la Drosera

jeune criquet piégé et englué par la Drosera
Des proies plus grandes peuvent se faire piéger une fois en contact avec la Drosera – photo faite au 100 mm macro

La microfaune est omniprésente dans les tourbières et constitue une nourriture à disposition des Drosera. Elle porte bien son nom de plante insectivore.

En effet, les arachnides, arthropodes, mouches et moustiques seront piégés par les gouttelettes que sécrète la plante.

C’est également le cas d’insectes plus grand à l’image de ce criquet. Il a fuit un danger pour se jeter dans un autre.

D’ailleurs, je précise que l’approche de ces plantes doit-être douce pour limiter les perturbations et ne pas pousser accidentellement les insectes vers ces pièges.

J’ai pu observer plusieurs collemboles évoluant à proximité des Drosera. Ils semblent indifférents à ce nectar visqueux. Les collemboles se font piéger lorsqu’ils fuient leurs prédateurs en bondissant à l’aide de leur muscle extenseur nommé furca.

La mousse (sphaigne) fait partie intégrante des écosystèmes des tourbières et il n’est pas rare d’y observer une microfaune très diversifiée à l’image de ce collembole globuleux.
Collembole globuleux jaune orangé sur sol tourbeux
Heterosminthurus insignis est un collembole globuleux de 0.8mm qui vit à proximité des milieux aquatiques, il fait partie des proies potentielles de la Drosera.

Il est possible de photographier d’autres petites créatures autour des Drosera. À l’image de cette espèce de collembole que l’on rencontre sur la végétation basse des milieux humides : Heterosminthurus insignis.

Une plante aux vertus insoupçonnées !

J’ai évoqué les particularités de cette plante atypique mais il y aurait encore beaucoup de chose à développer tant cette plante est fascinante à bien des égards (processus chimiques, culture, médecine). Et oui ! Savais-tu que la Drosera était utilisée en homéopathie ? Des vertus thérapeutiques dont je ne soupçonnais pas l’existence.

Drosera dans une ambiance mauve et pastel très diluée
Les conditions de lumière et l’heure de prise de vue permettent d’obtenir des ambiances originales.

Les plantes carnivores Drosera rotundifolia, D. intermedia mais également Drosera longifolia sont des joyaux de la nature. Outre le plaisir de les observer dans de magnifiques lieux sauvages en France, elles offrent de belles sources d’inspiration pour la photographie.

C’est un plaisir d’explorer les techniques photo et les lumières de l’instant. Ce sont des moments guidés par ses émotions et son instinct. Cela assure de belles opportunités artistiques. J’espère l’avoir transmis à travers cet article illustré qui est déjà bien long. Je remercie celles et ceux qui le liront jusqu’au bout. J’espère qu’il plaira et qu’il suscitera l’envie de photographier la Drosera tout en respectant son environnement !

En ce qui me concerne, il me reste à découvrir et photographier les deux autres espèces de droséra présentes sur l’hexagone !

En savoir plus, les compléments d’informations

Je t’invite à découvrir ces liens complémentaires pour en apprendre davantage sur cette plante carnivore. J’ai trouvé la lecture passionnante de cette thèse d’Isabelle Bouvier. C’est évidemment technique, mais accessible pour bien comprendre le fonctionnement et la stratégie des Drosera spp. et plus généralement des plantes carnivores, car elles ont développé des variations dans leurs stratégies.

Sarracenia carnivore en terrarium
Sarracenia (plante carnivore d’Amérique du Nord) issues de culture à Terra Botanica

La plante est protégée sur le territoire national. Le prélèvement est interdit et doit être proscrit.

Il existe des ventes de souches cultivées faciles à acquérir pour les jardiniers débutants comme experts.

Si tu souhaites découvrir et admirer à domicile les plantes carnivores, voici une liste non exhaustive de genre : Droséras (Drosera), Dionées gobe mouche (Dionaea), Utriculaires (Utricularia), Sarracenia et Nepanthes.

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