Le territoire français (hors Dom Tom) compte approximativement 160 espèces de salticidés. Elles occupent des niches écologiques très variées. Leur comportement d’araignées errantes et de chasseuses à vue nécessite des espaces ouverts. Les premières observations d’araignées sauteuses pourront se faire à vue, dans le jardin ou sur les murs de la maison. Il faut commencer par balayer du regard les murs extérieurs, les palissades et clôtures sur une hauteur d’environ 1,50 mètres. Compte tenu de la petite taille de ces araignées : en moyenne 3 à 6 mm, il faut faire preuve d’une observation attentive car elles se fondent dans leur environnement. C’est la mobilité de l’araignée qui permet souvent de la localiser.
Les premières rencontres peuvent également se passer à l’intérieur des maisons ou près des rebords de fenêtre où l’on observe parfois de petits cocons de soies blanches opaques à la forme ovale. Par beau temps à partir de début avril, les araignées se réchauffent et chassent au soleil, parfois plus tôt dans la saison selon et l’espèce, et la météo du moment. Toutefois, la meilleure période d’observation s’étend du 1er mai au 15 juin car les espèces sont souvent matures et les mâles recherchent les femelles pour s’accoupler.
Les genres Salticus et Pseudeuophrys seront probablement les plus faciles à observer, notamment avec Salticus scenicus et Pseudeuophrys lanigera car elles apprécient particulièrement les habitations y compris en milieu urbain. Les vieux murs de pierre ou les maisons à colombages peuvent abriter Sitticus pubescens.
Les recherches dans le jardin peuvent se poursuivre dans les buissons d’une hauteur de 30 à 50 cm. Le genre Heliophanus y est souvent largement représenté avec les espèces communes Heliophanus cupreus et Heliophanus tribulosus. Elles ressemblent grossièrement à des fourmis noires et les femelles possèdent des palpes jaunes fluo. Cette couleur ne passe pas inaperçue avec un minimum d’attention !
Une autre espèce relativement simple à trouver surtout dans le sud et l’Ouest de la France est la magnifique et fascinante Saitis barbipes. Si le mâle se voit partout (salon de jardin, murs, rebords de fenêtres), la femelle parfois plus discrète pourra s’observer dans la litière végétale sous les arbustes et buissons.
Pour aller plus loin !
Toutes les araignées sauteuses ne se rencontreront pas dans le jardin “classique” ou sur les murs des habitations. Pour aller plus loin dans les recherches, il est nécessaire de cibler des habitats caractéristiques tels que dunes, pelouses thermophiles, éboulis, litières forestières, garrigues, friches, vallées bocagères, allées forestières, clairières et coteaux.
En effet, les 160 espèces françaises occupent des habitats variés résultats d’une adaptation aux microclimats et à la typologie des terrains spécifiques.
Les dunes, les éboulis rocheux, les pelouses rases calcicoles, les roselières, les tourbières sont de potentiels secteurs abritant des espèces inféodées à ces milieux particuliers. Pellenes brevis est une espèce facile à observer sur le littoral atlantique car elle fréquente une large niche écologique comprenant les dunes fixées, les prairies thermophiles et sablonneuses. Il convient de rechercher des zones sèches, bien ensoleillées, avec la présence de mousses, de lichens ou de coquilles d’escargot vides. Ces dernières servent souvent de loge pour Pellenes brevis, Pellenes nigrociliatus, Pellenes tripunctatus, Chalcoscirtus infimus, Sitticus penicillatus. J’ai pu personnellement l’observer avec coquilles d’escargots du genre Helicella. Les vieux piquets en bois des clôtures, voir le grillage en lui-même peuvent également être scrutés notamment celui bordant les dunes du littoral. On pourra y observer Salticus scenicus en chasse. Sur les abords d’un champ ou d’une zone boisée, Pseudeuophrys erratica ou Marpissa muscosa ainsi que Ballus chalybeius pourront être observées sur les troncs d’arbre et piquets. L’espèce Marpissa muscosa fait partie des plus grandes salticidés rencontrées sur l’hexagone. Dès lors, elles sont plus faciles à trouver et photographier.
Endémisme régionale
Certaines espèces occupent des niches écologiques très spécifiques si bien qu’on ne les trouvent dans un seul biotope. On parle alors d’endémisme. Les régions montagneuses (Alpes, Pyrénées), la Corse, le littoral méditerranéen ou atlantique, abritent de telles espèces. Sitticus longipes par exemple, est une espèce qui vit dans les éboulis rocheux à haute altitude (>2000m) dans les Alpes. Yllenus univittatus est une espèce très discrète qui se fond complètement dans son environnement. Elle ne se rencontre que dans les dunes du littoral. Attention, ces sites fragiles sont souvent protégés ce qui limite l’observation de cette araignée. J’ai pu trouver par chance un mâle errant au bord d’un chemin ouvert d’une dune mais je n’ai toujours pas trouvé sa femelle ! On a parfois de belles surprises en découvrant des Salticidae rares que peu d’observateurs ont pu décrire en détail. Ce fut mon cas lorsque j’ai trouvé un site thermophile et sablonneux abritant la belle et rare Sitticus penicillatus dans l’Ouest.
Les zones de recherche ne manquent pas. Elles dépendront beaucoup des microclimats et de la nature des terrains de chaque région. Une fois les espèces les plus classiques découvertes, il faudra cibler les lieux d’investigation selon l’espèce recherchée. Dès lors, il devient intéressant de prendre des notes des observations réalisées sur un carnet papier ou sur un tableur. Les données et photographies recueillies pourront être partagées sur les forums internet ou sites web spécialisés pour dans un premier temps confirmer les identifications ou dans un second temps enrichir les connaissances sur les habitudes et répartitions de ces araignées parfois encore méconnues.
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